Glissade

J’imagine, un rocher au milieu d’un torrent, ancré par ses bases à la terre ferme…

Elle est sur ce rocher, plus ou moins bien installé, elle s’y sent bien, pas en danger, de là elle y voit le rivage qui la rassure, sur lequel elle pourrait se retourner en cas d’un pressentiment de danger, elle sent aussi les remous de ce torrent bleu profond qui balaye ses chevilles mais qui ne l’atteignent pas vraiment…

Son attirance prend de l’importance, elle a envie de toucher l’eau de ses mains, se laisse aller dans l’harmonie de la nature, en confiance elle y prend gout, une confiance inhabituelle chez elle, voire inconnue jusqu’alors, elle se penche un peu plus et ne s’aperçoit pas que peu à peu elle glisse, elle n’essaie pas de sauter vers le rivage, pas non plus de se rattraper au rocher, elle glisse toujours et finit par tomber.

Tout son corps est maintenant plongé dans ces eaux remuantes, elle y ressent malgré tout du plaisir, toujours pas le danger, la vitesse du courant l’emporte, la porte, grisée, elle se sent libre, mais un peu malgré elle, pas contre les autres, elle n’en veut à personne, personne n’est en cause si elle a glissée…

Ces flots tumultueux l’éloignent de plus en plus vite de son refuge naturel, les quelques branches tendues au dessus de ces eaux pourraient l’aider à regagner un rivage, elle ne les saisit pourtant pas, l'envie de voir plus loin est trop forte, de voir ou va l'emporter ce courant…

Elle est aspirée, elle coule, ressort la tête de l’eau, elle voit le fond, le ciel, dans ces remous elle se retourne parfois, difficilement, pour voir le rocher, le rivage, mais à présent elle est trop loin, vraiment trop loin, elle ne ressent toujours pas le danger, ou à peine, elle ne se doute pas que bientôt elle va arriver au bout, une fin qui n’en est pas une mais qui arrêtera sa descente grisante, brusquement, une cascade…

Elle n’a plus vraiment le choix, elle chutera, sa chute pourrait être violente, douloureuse…

Une chance serait qu'ensuite, elle retrouve le souffle nécessaire, la force de nager pour regagner un rivage, un petit radeau pourrait être là pour elle, déjà mis à l’eau, attaché fermement pour ne pas être entrainé par les flots, elle pourrait s’y reposer, souffler et reprendre ses esprits, il lui permettrait surement de regagner des lieux moins hostiles, sauter de l’autre côté, peut-être choisirait t’elle un autre rivage, plus loin, ou simplement elle serait enfin de nouveau debout, sur ses pieds, plus forte pour affronter sa vie après ses peurs et éviter ces eaux qui au final ne sont pas si bleues que ça, mais plutôt troubles…

Comments

[Méconnaissance]

>Montag
Bienvenu par ici, mes écrits sont issus de mes pensées, de mon vécu, mais une fois "postés" ils appartiennent à ceux et celles qui les lisent et qui peuvent y voir, y sentir tout autre chose en fonction de leur ressenti.
Les commentaires qui en découlent m'incitent parfois à y lire d'autres visions, même différentes des miennes, et je trouve cela plutôt intéressant, je ne les aborde pas comme des intrusions, ce peut-être parfois une interrogation, une précision... quoiqu'il en soit je les considère, je les prends en compte et n'en change pas pour autant mes opinions.
Disons que je ne suis pas de ce « monde des mots », je viens d'un monde plus « technique », plus « binaire » et les nuances que je lis me plaisent assez...
Merci, les conseils sont toujours bon à prendre, le grand ordinateur qu'est le cerveau saura surement les trier ! ;-)
Peut-être en vous lisant plus attentivement vous comprendrais-je mieux ?

[montag]

Merci de faire partager vos textes à celles et ceux qui les lisent Méconnaissance, votre façon d'écrire vous appartient, et si je peux me permettre, méfiez-vous des intrusions vous invitant subrepticement à changer le fil de vos idées ou votre manière d'écrire.

[nicole]

Un texte que je ne peux m'empècher de comparer à la vie, on tombe dedans et l'on a fort envie de se laisser porter mais l'on doit lutter et faire des choix.

Merci de ta visite et bon dimanche

[Méconnaissance]

Merci de ta réponse et du temps pris pour l'écrire !
Je suis d'accord avec ce que tu dis, c'est un peu la vision que j'avais de ce texte, sauf que j'ai modifié une partie avant de le mettre en ligne, ça aurait dû être plutôt "j'ai mis un radeau..." mais ça reste tout aussi révélateur !
A bientôt.
ps: et merci de tes questions sur ton blog, je trouve le concept est génial.

[valériane]

Je ne suis pas allée volontairement plus loin, à cette cascade qu'elle appréhende et qu'elle imagine - D'ailleurs rien ne lui prouve qu'il y aura une chute ou qu'elle existe vraiment - La pente peut s'adoucir, se calmer et l'eau couler plus doucement plus loin - Puisque tu m'y invites, je vais continuer mon raisonnement -
A ce moment où elle imagine la chute violente elle a son inconscient qui travaille à toute allure -
D'abord elle se dit qu'elle n'a pas le choix, elle y est maintenant et elle doit la SUBIR -
Elle se trompe, elle a choisi beaucoup plus haut de ne pas rejoindre le rivage - Elle doit avoir l'audace, le courage, la fougue, la volonté d'affronter la chute s'il y a comme une guerrière et non pas comme une fatalité puisqu'elle a pris ce risque dès le départ -
Là, aussi il faut qu'elle lâche prise avec cette appréhension et elle doit faire face à son avenir -
Le second point est qu'elle cherche à se rassurer en se raccrochant à la chance, un radeau, une berge - Elle ne vit pas l'action, le présent en donnant toute son attention, son énergie, elle pense à l'avenir qui n'existe pas encore - Donc elle perd un peu de ce qui se passe, de ce qu'elle est en train de vivre -
C'est là encore au départ qu'elle fallait penser à tout cela - Maintenant l'action, le mouvenent doivent capter tout son être, sa vitalité, sa vie car l'eau court et n'attend pas- Attention à la dérive !
Voilà, voili, voilou mon petit avis -A+